Vidéo de la conférence “De quoi une plateforme numérique est-elle le nom ? Généalogie historique et récupération économique” que j’ai donné le 24 mai 2018 à Québec dans le cadre des Journées du LabCMO. (Sur ce sujet voir aussi mon billet de décembre 2017).
Résumé
Sur les cendres de l’entreprise du XXe siècle s’érige le nouveau paradigme socio-technologique de la plateforme numérique. Elle se définit comme un mécanisme neutre qui démocratise l’accès autant à des ressources matérielles (des produits, des services) qu’à des objets informationnels (des contenus, des données). Pour coordonner ses différentes composantes, elle a recours à des méthodes algorithmique basées sur le traitement de masses de données personnelles issues des comportements, des échanges et des évaluations en ligne de ses utilisateurs. Une caractéristique essentielle (mais problématique) des plateformes est leur prétention à incarner des valeurs d’exactitude technique et de neutralité morale. Il est donc urgent de dresser une généalogie de ce paradigme, en remontant aux sources philosophiques et politiques de la notion même de plateforme, et de pointer les défis qui accompagnent ces nouveaux dispositifs. Le concept de plateforme s’avère inscrit dans la théologie politique du XVIIe siècle, au croisement de la philosophie de Francis Bacon et de la pensée des premiers anarchistes anglais. Des commons agraires à Uber, de la Nouvelle Atlantide à Google, la plateforme numérique contemporaine n’est pas une simple métaphore, mais l’évolution d’un concept dont l’histoire s’avère fascinante – et dont les promesses de dépassement du travail salarié et d’abolition de la propriété privée restent encore à honorer.