La revue Sciences Humaines met à l’honneur le livre Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil, 2010) du sociologue Antonio A. Casilli, EHESS, Paris. Le compte-rendu est signé par Catherine Halpern.
Assurément, Internet change nos relations sociales car les liens numériques ont leurs spécificités. Ainsi, en ligne, le « friend », que j’ajoute à ma liste de contacts sur Facebook par exemple, n’est pas nécessairement mon ami. Ce peut être quelqu’un sur lequel j’ai envie d’en savoir plus, ou dont le lien est valorisant pour moi, ou dont je souhaite à des fins utilitaires pouvoir activer le contact. Le « friending » ne remplace pas l’amitié, il est une nouvelle modalité. C’est là une des forces d’Internet que de parvenir à solliciter plus facilement des liens faibles, tel le « friend » ou les contacts de mes contacts. Mais ces liens faibles côtoient aussi des liens forts, ceux des gens dont nous sommes proches, par la parenté, l’appartenance communautaire ou géographique… Internet n’appauvrit pas en lui-même les relations sociales : l’examen attentif des usages montre qu’il peut au contraire les nourrir, leur offrir de nouvelles modalités, les complexifier… Les réseaux, par l’inventivité qu’ils déploient, défient les catégories du sociologue et font naître de nouveaux liens.
Une réinvention du lien social :: Sciences Humaines Oct. 2010