Podcast de La Grande Table, le magazine culturel de la mi-journée sur France Culture, sur les transformations récentes de la notion de biopolitique popularisée par Michel Foucault et Giorgio Agamben. Pour en parler, sur le plateau de Caroline Broué, Mathieu Potte-Bonneville, François Cusset et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).
Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.
Les questions de santé ont-elles reculé dans le débat public ? A travers les discours récents de responsables politiques, nous nous interrogeons sur les liens entre les politiques publiques sur la drogue et la prostitution, et leur application dans le champ social et sanitaire. La santé publique, victoire ou recul de la “biopolitique”, comme l’appelait Foucault ?
François Cusset : “Le thème foucaldien lié à la biopolitique, selon lequel l’Etat s’occupe trop du bien-être des corps, évolue : l’Etat choisit en effet des politiques répressives, tandis que la prise en charge de la santé est moins le fait de l’Etat que de l’extension des logiques de marché à tous les aspects de la santé…”
Matthieu Potte-Bonneville : “Le citoyen est pris dans une double pince, entre l’hégémonie des discours sur la santé, et la faiblesse des moyens mis en oeuvre pour la santé publique. L’aspect de santé publique comme hygiénisme individualisant semble l’emporter sur l’idée que les questions de santé publique sont des vecteurs de politisation : le fond de l’affaire est social.”
Antonio Casilli : “La biopolitique ne recule pas : elle se reconfigure et devient plus complexe. Alors que le risque continue d’être produit collectivement, l’individu est seul pour le gérer. La politique de santé s’installe dans des réglages que les individus sont obligés de faire eux-mêmes, les politiques d’incitation par exemple…”