Dans le numéro 553 (novembre 2019) du mensuel 60 millions de consommateurs, j’ai accordé un entretien dans le cadre de l’expérimentation conduite par le magazine sur les assistants vocaux et leurs gestion des données personnelles des utilisateurs.
3 questions à Antonio A. Casilli
Des sous-traitants écoutent certains enregistrements issus des assistants vocaux, cela vous a surpris ?
Dans la communauté scientifique on savait depuis plusieurs années que des personnes -souvent des travailleurs indépendants ou précaires -étaient recrutées pour vérifier la performance des assistants virtuels. Il s’agit d’écouter des extraits ou de valider des retranscriptions.
Les révélations de la presse ont permis au grand public de le découvrir. Elles ont d’abord concerné Alexa d’Amazon en avril dernier. Mais depuis, tous les autres GAFAM y sont passés.
Le nombre d’enregistrements écoutés serait marginal, selon ces sociétés. Vous y croyez ?
On ne peut pas savoir quelle proportion est réellement écoutée. Elles ne le dévoilent pas, cela relève du secret industriel.
L’intelligence artificielle sur laquelle reposerait ces assistants est donc une illusion ?
Le terme cache le fait qu’une partie du travail est fait à la main. Ce travail a été présenté comme un entraînement pour les assistants virtuels. On parle de machine-learning, comme si les machines allaient opérer d’elle-mêmes après une phase d’apprentissage. La réalité économique et technologique est que ces assistants ne peuvent pas se passer d’une part de travail humain. De nouvelles tâches pour lesquelles il faut les entraîner, se présentent en permanence. Par exemple, un assistant d’abord calibré en anglais doit être adapté au marché français. Il faut alors l’entraîner à nouveau, comme le montre votre étude. L’apprentissage ne s’arrête jamais et l’autonomie de ces dispositifs est sans cesse repoussée.