Dans le cadre du séminaire EHESS Étudier les cultures du numérique j’ai eu le plaisir d’accueillir Olivier Ertzscheid, maître de conférence à l’Université de Nantes, agitateur culturel inlassable sur son blog Affordance.info, auteur de plusieurs ouvrages sur l’identité numérique, l’e-réputation, la littérature connectée.
Celle du 8 janvier 2018 a été une séance très riche (et très peuplée), ayant comme point de départ le dernier livre d’Olivier Ertzscheid, L’appétit des géants, paru en 2017 chez C & F Éditions (full disclosure : j’ai eu l’honneur d’écrire la préface).
Voilà les slides de sa présentation :
Titre : L’appétit des géants: Pouvoir des algorithmes, ambitions des plateformes
Intervenant : Olivier Ertzscheid
Résumé : Les Etats-Unis viennent d’acter la fin du principe de neutralité du net ; certains des créateurs de Facebook traversent un syndrome de Frankenstein et parlent de leur créature comme d’un « monstre » ou « d’une merde » (sic) ; de plus en plus d’ingénieurs de la Silicon Valley traversent une crise éthique qui les amène à critiquer le rôle des technologies qu’ils ont eux-mêmes construits. C’est aujourd’hui que la question posée depuis plus de 10 ans par Tim Berners Lee apparaît comme absolument cruciale d’un point de vue sociétal, économique mais aussi politique : quel est le rôle joué par les « jardins fermés » et les plateformes dans la normalisation d’usages de plus en plus contraints, aliénants et à rebours de la philosophie initiale du projet web ? Autour de l’ouvrage « L’appétit des géants », et au travers de quelques exemples touchant notamment aux questions de gouvernementalité algorithmique et de libertés numériques, nous nous interrogerons sur ce que les nouvelles formes de calcul et de computation à l’œuvre dans ces plateformes sont en capacité de produire ou d’induire comme nouvelles formes de compréhension du monde. Et peut-être (et cela semble inédit à l’échelle de l’épistémologie des sciences) de quelles formes de compréhension du monde ces nouvelles formes de calcul peuvent également nous priver.