Le magazine Marianne publie un article d’Elodie Emery et Jules Fournier sur l’usage de Twitter par les écrivains, avec des extraits d’une conversation avec Antonio Casilli, maître de conférences en Digital Humanities à Telecom ParisTech et auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).
Or le Web n’attaque jamais aussi fort que lorsqu’on le met en cause frontalement et les twittos déchaînés ont largement été repris dans la presse américaine : «Les vrais écrivains gravent leurs textes sur des tablettes en pierre», ironise l’un d’entre eux. En plus des phénomènes de buzz impossibles à anticiper, Twitter impose une nouvelle relation au public qui en a rebuté plus d’un. «Jusque-là, la critique était réservée aux critiques littéraires qui formaient une institution, analyse Antonio A. Casilli, chercheur en sociologie à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Grâce à Twitter, on assiste à une banalisation et à une démocratisation de la critique qui est assez saine.»
Saine, sans doute, mais qui expose également les écrivains à des attaques directes auxquelles ils ne sont pas habitués. «La question du trolling, ces lecteurs qui critiquent violemment les auteurs, est liée à la pulvérisation de la ligne qui sépare auteur et lecteur», complète le sociologue. A peine arrivé sur le réseau, le «délicat» David Foenkinos est déjà publiquement attaqué sur ses fautes d’orthographe : «Vous ne savez pas écrire “Houellebecq“, ni “écrivain” dans votre biographie ; pour un auteur, c’est pas banal.» Un accueil rugueux qui en a conduit un autre, Yann Moix, à quitter définitivement le site qu’il a qualifié de «dépotoir de phrases».