Séminaire EHESS de Dominique Cardon “Anthropologie de l’algorithme de Google” (16 mai 2012, 17h)

[UPDATE 20.05.2012 : un compte rendu très détaillé, proposant une discussion des sujets traités dans ce séminaire, est désormais disponible en ligne sur le blog Odyssée de Philippe Ameline.]

Dans le cadre du séminaire EHESS Étudier les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques nous avons eu le plaisir et l’honneur d’accueillir Dominique Cardon, sociologue au Laboratoire SENSE (Orange Labs), chercheur associé au Centre d’études des mouvements sociaux (CEMS/EHESS), animateur de la revue Réseaux et auteur de La Démocratie Internet. Promesses et limites (Seuil, 2010).

Le séminaire a eu lieu le mercredi 16 mai 2012, de 17 h à 19 h (salle 587, salle du conseil A, R -1, bât. Le France, 190-198 av de France 75013 Paris).

Dans l’esprit du PageRank. Un essai d’anthropologie de l’algorithme de Google

Dans cette communication, on proposera une réflexion sur les propriétés organisationnelles, et notamment algorithmiques, de l’espace public numérique. En adaptant au contexte de l’Internet le débat posé par Jürgen Habermas sur les caractéristiques d’une discussion publique argumentée et rationnelle, on s’attachera à décrire les différents formats d’organisation de l’expression et de la discussion sur Internet, en portant une attention particulière aux algorithmes permettant de hiérarchiser les informations. Les pionniers de l’Internet ont donné au réseau des réseaux une utopie fondatrice : celle de remplacer le classement a priori des informations par un cercle restreint de gatekeepers (journalistes et éditeurs) par une hiérarchisation a posteriori des informations par les internautes eux-mêmes. Parfois entendue sous le nom de “sagesse des foules” ou de “miracle de l’agrégation”, cette idée d’une auto-organisation des jugements des internautes permettant de trier et de hiérarchiser le web ne peut se réaliser que grâce à un ensemble d’artefacts permettant de calculer, trier et représenter les informations selon un ordre propre. On fera l’hypothèse que cinq principes différents de classement des informations sont aujourd’hui en compétition sur le web : l’éditorialisation, l’autorité, l’audience, l’affinité et la vitesse. En développant l’exemple du PageRank de Google, on s’attachera à rendre compte de la mise en place d’une métrique particulière de l’autorité sur le web, avant de s’interroger sur les tensions que lui font aujourd’hui subir d’autres principes d’organisation de l’information, comme l’affinité et la vitesse.

Quelques lectures :

– Diaz, Alejandro M., Through the Google Goggles: Sociopolitical Bias in Search Engine Design, Thesis, Stanford University, May 2005.

– Hindman, Matthews, The Myth of Digital Democracy, Princeton, Princeton University Press, 2009.

– Introna, Lucas D. & Helen Nissenbaum, “Shaping the Web: Why the politics of search engines matters”, The Information Society, vol. 16, 2000, pp. 169-185.

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Les comptes rendus et  les slides des autres séances sont disponibles en ligne aux adresses suivantes:

Séance 1 (16 novembre 2011) : Cultures et sociabilités en ligne (Antonio Casilli) – Slides

Séance 2 (14 décembre 2011) : Idéologie des jeux vidéo (Olivier Mauco) — Compte rendu

Séance 3 (18 janvier 2012)  : Ville et open data (Jérôme Denis) – SlidesCompte rendu

Séance 4 (15 février 2012) : Big data vs. small data (Antonio Casilli) – Slides  — Compte rendu

Séance 5 (21 mars 2012, 17h) : Quels enjeux pour les digital humanities ? (Pierre Mounier) – Blog