Une interview, des extraits vidéo et quelques nouveautés dans cette interview d’Antonio Casilli pour Curioser, laboratoire d’études et de communication digitale. L’auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil) y parle d’amitié, engagement et petits chatons…
Concernant la méthotodologie, Casilli nous rappelle que si l’on ne s’appuie pas sur ces moyens de récolter des données précises, on tombe vite dans le « data free philosophizing ». L’expression a récemment été utilisée par Howard Rheingold pour décrire cette posture spéculant principalement sur de l’observation in vivo. D’où la nécessité d’étudier cet objet à l’aune des méthodes traditionnelles comme les enquêtes, les statistiques ou les entretiens qualitatifs mais aussi à certaines méthodes inédites comme l’ethnographie en ligne ou l’observation participante en ligne. Pour Casilli, la grande évolution du point de vue de la méthodologie réside dans l’application de « l’analyse des réseaux sociaux » au digital. Elle ne repose non plus sur une logique quantitative ou qualitative mais sur l’approche relationnelle : on étudie la hiérarchisation, les liens, l’étendue, la création du capital social en ligne, etc.
Où en sont ces travaux aujourd’hui ? Casilli déplore une reconnaissance difficile au sein de la communauté scientifique, que ce soit en France ou à l’international. Les enjeux sont réels, il s’agit là de faire partie de ce qu’il appelle le « scientific agenda » et de ne pas être les premiers en ligne de mire lors de restrictions budgétaire. Les chercheurs sont donc confrontés à un double challenge : valoriser les sciences sociales qui ne sont pas considérées comme les plus prestigieuses au sein de la communauté scientifique mais aussi légitimer le digital comme objet d’étude majeur.