Dans Owni.fr, la journaliste Julia Vergely se penche sur la difficulté de rompre un lien amoureux dans un contexte de saturation informationnelle. Interviewé, le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques (Seuil) apporte un éclairage en termes d’analyse culturelle et de théorie des réseaux. La conclusion ? Avec le nombre encore plus important de liens que créent les réseaux sociaux, la rupture ne doit plus seulement être physique, mais également numérique.
Si comme Antonio Casilli, chercheur et auteur des Liaisons numériques (paru au Seuil), on considère que les usages numériques sont un prolongement de la sociabilité dans la mesure où ils complètent l’interaction, on voit où le bât blesse. Mais pour le chercheur, les liens entretenus dès lors sont différents: “Avant Internet, dans la suite d’une rupture, prendre des nouvelles de son ex revenait à réaffirmer qu’un lien fort existait deux personnes. Avec Internet il n’est plus besoin de réaffirmer clairement ce lien. On peut continuer à entretenir une interaction, mais il s’agira d’un lien beaucoup plus faible, basé sur des signaux fragmentés. Le stalker, celui qui traque, se contentera d’une observation passive ou même d’un suivi flottant. Cette articulation entre éléments forts et faibles est peut-être une manière plus souple d’articuler une dynamique relationnelle (…) Les deux ruptures doivent être négociées ensemble. La première phase est la rupture réelle, qui se fait en face à face ou au téléphone, la deuxième rupture se fait sur les usages en ligne: on bloque sur MSN, on “défriende” sur Facebook, etc. La troisième phase est celle qui consiste à arrêter d’aller se renseigner sur ses ex. C’est un acte volontaire d’aller chercher des informations, mais nous vivons dans un environnement cognitif dense, plein de traces numériques, parfois elles viennent vers nous.”