Dans le La revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales), Simon Borel propose une recension de l’ouvrage Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil) du sociologue Antonio Casilli. Une lecture attentive et équilibrée, qui ouvre un dialogue autour de la structure du don dans les sociétés connectées.
La socialité en face à face et les nouvelles formes de sociabilité virtuelle ne s’excluent pas. A l’encontre de tous les « cyber-censeurs » des sciences humaines et sociales qui exposent le caractère proprement désocialisant des réseaux et d’Internet, A. Casilli estime que « les technologies numériques ne doivent leur succès qu’à l’envie de sociabilité et de contact de leurs usagers. » (p. 15) Dès lors, cette « dimension socialisante » des réseaux informatiques qui « reconfigure » le lien social doit être considérée dans toutes ses dimensions spatiale, corporelle et sociale. […] Cette recherche très stimulante sur les différentes dimensions de la socialité virtuelle en émergence appelle les sciences sociales à se saisir de cette question cruciale de la mutation anthropologique à l’œuvre tant du point de vue de la subjectivation que de la socialisation des individus dans les réseaux. La sociabilité virtuelle, trop souvent abordée via une empiricité éparpillée, doit être étudiée comme un fait social total.