Le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil) a été l’invité du tchat du Nouvel Obs, vendredi 28 janvier 2011, de 11h à 12h. L’occasion pour répondre aux questions posées par les lecteurs : amitié, amour, famille, mais aussi démocratie, militantisme du Web et hackers.
La culture du Web est, depuis ses débuts, très politisée. Les événements des derniers jours semblent nous montrer que cette militance (qui articule manifestations dans la rue et actions de coordination et de sensibilisation en ligne) se généralise. Mais certains collègues, comme par exemple Evgeny Morozov auteur de “The Net Delusion”, nous mettent en garde contre une certaine pensée simpliste qui voudrait qu’Internet soit, par sa nature, un outil de libération. Dans plusieurs pays, le Web est utilisé par les gouvernements totalitaires comme un outil de propagande. La capacité fédératrice du Web doit aussi être pondérée à l’aune de ces initiatives de manipulation politique de la part des états. […] Anonymous est un phénomène très intéressant à mon avis. Mais c’est peut-être un peu tôt pour se prononcer sur sa signification politique et culturelle. Comment coordonner une action sans faire émerger des hiérarchies ? Sans afficher des identités ? Leur démarche de “démocratie ad hoc” est fascinante, d’un point de vue sociologique. Mais l’idéologie, les croyances et les valeurs d’Anonymous demeurent très ambiguës…