Dans le numéro Best of 2010 du magazine Stratégies, le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil, 2010) et le chercheur Edouard Kleinpeter (Institut des Sciences de la Communication du CNRS) sont invités par le journaliste Marc di Rosa. à analyser le phénomène Chatroulette : météore du Web ou bien nouvelle modalité du lien social en ligne ? Une occasion pour présenter au public français le contenu de The Sociology of Chatroulette (publié sur Bodyspacesociety le mois de mars dernier).
Deux tendances coexistent actuellement sur Internet : celle de la transparence absolue, incarnée par des acteurs aussi différents que Facebook et Wikileaks, et celle du pseudo-anonymat, représentée par le mouvement Anonymous, le forum 4Chan ou Chatroulette. Depuis le succès mondial de Facebook, le discours dominant véhicule l’idée selon laquelle on s’affiche désormais sur la Toile comme dans la vie “hors ligne”, par opposition aux expérimentations anonymes sur Internet des années 2000. “Chatroulette trouble cette vision linéaire en créant une zone d’expérimentation sans contraintes”, considère Antonio Casilli (…) Si Facebook peut être interprété comme une métaphore de l’amitié et Meetic de l’amour, Chatroulette s’apparente au frisson de l’inconnu. “Le site ne cherche pas à qualifier les rencontres, qui sont des mises en relations absolues et stochastiques” (…) Sur le Web émerge la création de liens sociaux fondés sur des prétextes plus informels et plus fins, des “liens évanescents”, d’après Antonio Casilli.